Mélodies

On met ici à disposition ici les mélodies des cantiques du Colmarisches Gesangbuch, avec quelques commentaires, dans une version harmonisée à quatre voix. Pour l'instant il en manque encore quelques-unes. Elles doivent être ajoutées progressivement. L'harmonisation à quatre voix a été écrite au moyen du logiciel NoteWorthy Composer (NoteWorthy Software, Inc. PO Box 995 Fuquay-Varina, NC 27526-0995 USA). On ne recherche pas une qualité sonore exquise, l'essentiel étant de faire connaitre la mélodie sous la forme qu'elle pouvait avoir au 19e siècle. Le logiciel utilisé était suffisant pour cela.
Pour avoir accès au site du Colmarisches Gesangbuch (tout le texte du recueil, avec annotations), cliquez ici.

Pour l'harmonisation, on s'est presque toujours appuyé sur un modèle ancien, à savoir un des vieux recueils d'accompagnement de chorals alsaciens. Soulignons d'avance qu'avant Ihme, aucun livre d'orgue ne fournit la totalité des mélodies d'un recueil de cantiques. P.ex. les mélodies de Gelobet seist du, Jesu Christ et de Nun danket alle Gott ne figurent dans aucun d'eux, et sont mentionnées par le CG comme "air connu". Les documents utilisés ici seront pour l'essentiel les suivants.

Je voudrais ici remercier les responsables de la Médiathèque protestante de Strasbourg (1b, quai Saint-Thomas) de m'avoir autorisé à photographier dans de très bonnes conditions toutes les pages des livres d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp-Herrenschneider) et des environs de 1850. Cela m'a permis de les consulter aussi souvent que nécessaire en les abimant le moins possible.

Je dois remercier aussi la veuve du pasteur Rentz, qui m'a fait profiter de quelques recueils de cantiques des environs de 1900 issus de la succession de son mari, sans lesquels quelques-unes des mélodies fournies ici m'auraient été inaccessibles.

La forme sous laquelle les mélodies apparaissent dans ces ouvrages est toujours - sauf chez Ihme - celle qui s'était répandue dans le cours du 18e siècle, à savoir une forme non rythmique (notes égales), et munie ici ou là de petits ornements sentimentaux. Ces mélodies sont souvent proches de ce que J.S. Bach a couramment harmonisé. Le fascicule colmarien sans accompagnement représente un cas typique de cette appréhension du chant religieux. Certaines mélodies sont difficilement reconnaissables par rapport à la forme actuelle, qui est en général plus proche de la forme initiale.

Les mélodies individuelles

Mélodie Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ. Le cantique Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ est un cas particulier tant pour la mélodie que pour le texte. Dans l'annotation sur le texte, on a vu que deux mélodies se partagent les faveurs des éditeurs de recueils. Dans le CG, on trouve à la fois

On pourrait conclure de là qu'il y avait trois mélodies différentes. Mais comme O Jesu Christ, meins Lebens Licht n'apparait que dans le supplément, il est permis de penser que son "air connu" est l'un des deux autres, à savoir celui qui est appelé Ach bleib bei uns. C'est en tout cas cette mélodie qui est restée en usage dans la région de Colmar - Zahn 535 - , soit sous une forme rythmique (Entendre cet air), soit sous une forme simplifiée (Entendre cet air). Il y a des versions multiples de cette mélodie.
Les deux mélodies concurrentes ont pu subir l'une et l'autre des transformations multiples qui les rendent parfois à peine reconnaissables. Voici à titre d'exemple la forme que donne à O Jesu Christ, meins Lebens Licht le recueil de Deux-Ponts de 1823 (Entendre cet air), qu'il appelle du reste Herr Jesu Christ, meins....
Les documents d'époque - Sammlung von Choralmelodien, livre d'orgue de Th. Stern, en particulier - regroupent les mélodies de même patron versifié comme interchangeables ; la coutume des Parallelmelodien s'est perpétuée longtemps, même si le recueil luthérien orthodoxe de 1863 (GCAK) déconseille de les échanger. Aussi trouve-t-on dans la Sammlung colmarienne la mention du texte Ach bleib bei uns en tête d'une mélodie qui est un avatar de celle d'Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort (Entendre cet air), ce qui montre que cette mélodie aussi a été en usage dans la région pour ce texte.

Mélodie Ach Gott und Herr. Seul le cantique Ach Gott und Herr lui-même se chante sur cette mélodie dans le CG. Mais il y a eu d'autres cantiques qui pouvaient l'utiliser, y compris dans le répertoire francophone, ainsi Jour du Seigneur que les recueils français successifs reprennent fidèlement. Elle a paru d'abord en 1625 à Leipzig. Nous la donnons ici dans la version et avec l'harmonisation du livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp) (Entendre cet air).

Mélodie Ach Gott vom Himmel, sieh darein. Il s'agit d'une des nombreuses mélodies (douze dans le GCAK ; le GKAKEL et l'EG ne fournissent plus de liste de "mélodies parallèles", c'est-à-dire en principe interchangeables pour les mêmes textes), qui s'adaptent au patron strophique de Allein Gott in der Höh sei Ehr ou de Es ist gewisslich an der Zeit. Les auteurs des livres d'orgue de la première moitié du 19e siècle étaient visiblement animés du souhait de restreindre le nombre des mélodies interchangeables. Dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien (qui n'est pas un livre d'orgue, il est vrai) on ne trouve que trois mélodies de ce modèle, et également trois dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Herrenschneider-Stoltz, Hepp), et quatre chez Stern. Celle de Ach Gott vom Himmel, sieh darein y manque. Elle est absente du recueil Spitta également, et de son livre d'orgue (J. Wolf). Nous la donnons ici sous la forme et dans l'harmonisation du livre d'orgue Halleluja de F.A.Ihme (Entendre cet air). Six cantiques du CG (les n° 108, 150, 165, 291, 294, 527) portent l'indication qu'ils sont à chanter sur cette mélodie, dont le cantique Ach Gott vom Himmel, sieh darein (le n° 291) lui-même.

Melodie Ach was soll ich Sünder machen. Le cantique qui commence par ces mots n'est pas dans le CG. Il est également absent du GKAKEL et de l'EG. En revanche nous le trouvons dans le GCAK et chez Spitta. Le cantique Hosianna Davids Sohne, que le CG fait chanter sur sa mélodie, a chez Ihme (Livre d'orgue Halleluja) une "eigene Melodie" (sa propre mélodie), qui a été composée par Ihme lui-même. L'EG semble ne plus contenir du tout la mélodie de Ach was soll ich. Dans les livres d'orgue qui la contiennent, les variantes sont de peu d'importance. On la trouvera ici telle que la donne Theophil Stern, et qqu'on trouve déjà dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809. (Entendre cet air).

Mélodie Ach wie flüchtig, ach wie nichtig. La mélodie tout comme le texte sont parfois annoncés sous le titre Ach wie nichtig, ach wie flüchtig. Elle est comme le texte de Michael Franck et publiée en 1652. Elle a été modifiée par J. Crüger en 1661 et c'est sous cette nouvelle forme qu'elle nous est parvenue. Je n'ai trouvé dans aucun recueil un autre cantique qui aurait été chanté sur cet air. Nous le trouvons ici dans l'harmonisation de F.A. Ihme Entendre cet air.

Mélodie Allein Gott in der Höh sei Ehr. Cette mélodie a été composée par Nikolaus Decius en 1523 sur la base d'airs liturgiques anciens. Du simple fait qu'elle représente un patron strophique très répandu, elle a subi au cours du temps des variations nombreuses. Nous faisons entendre ici le choral tel qu'on le trouve dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 ("Hepp-Herrenschneider") (Entendre cet air). La forme rythmique est depuis lors revenue en usage un peu partout. (Entendre cet air).

Mélodie Allein zu dir, Herr Jesu Christ. Le cantique qui commence ainsi est le seul dans le CG à se chanter sur cet air, qui a une structure métrique très spéciale : 8a-6be-8a-6be-8c-8c-8d-4d-8d. Dans l'EG également, il est le seul à se chanter sur cet air. Selon ce recueil, l'air est de Paul Hofhaimer (début du 16e siècle) et fut bientôt après utilisé avec un texte sacré. On en trouvera ici deux versions. D'une part la version ancienne, rythmique, telle que la donne F.A. Ihme (Entendre cet air) (actuellement une ronde remplace tout au début la blanche qu'on trouve chez Ihme). Ensuite une forme simplifiée qu'on peut trouver chez J. Wolf (1899) et qui était très certainement en usage au 19e siècle (Entendre cet air). Cette mélodie n'est dans aucun des livres d'orgue antérieurs qui me sont connus.

Mélodie Alle Menschen müssen sterben. Quand il est question du texte qui commence par ces mots, pas moins de six mélodies différentes entrent en ligne de compte. Dans le livre d'orgue Hepp-Herrenschneider (Strasbourg 1809) nous en trouvons quatre (ci-après les numéros 1 à 4), le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien donne les quatre mêmes dans le même ordre et avec les mêmes textes alternatifs. Chez Ihme une cinquième mélodie vient s'y ajouter, et J. Wolf (recueil Spitta) en ajoute une sixième. Voici la liste de ces mélodies avec la manière dont elles sont présentées dans les livres d'orgue :

  1. Zahn 6779a. Hepp p. 70-71 = Sammlung 62, Stern p. 56, Ihme, Wolf n° 7 (Alle Menschen müssen sterben II). Nous la donnons ici sous la forme qu'elle a dans le fascicule colmarien, mais avec une harmonisation fondée sur celle de Th. Stern (Entendre cet air). Chez Ihme - qui met cette mélodie sous le titre "Jesu, meines Lebens Leben, urspr. Alle Menschen müssen sterben" - se rencontre une forme assez différente, qu'on trouvera également ici, avec l'harmonisation d'Ihme (Entendre cet air). Il existe d'autres variantes.
  2. Zahn 6785. Hepp p. 72 "2te Mel." = Sammlung Nr. 63, Stern S. 55 - Entendre cet air. Cette troisième mélodie semble être sortie de l'usage.
  3. Zahn 6804. Hepp p. 73 "3te Mel. oder : Jesu der du meine Seele" = Sammlung 64, Stern p. 7 - J.S. Bach a utilisé au moins deux formes différentes de cet air (les différences apparaissent dans les deux drniers vers). Ici la forme qu'on trouve dans le livre d'orgue Hepp (Entendre cet air), et aussi la forme assez différente que donne Ihme (Entendre cet air).
  4. Zahn 6773.  Hepp p. 74, 4te Mel. oder : O du schönes Weltgebäude
  5. = Sammlung 65 - Entendre cet air. Il me semble que cette mélodie n'est plus chantée non plus de nos jours.
  6. Zahn 6778. Ihme n° 10, Wolf n° 6 (Alle Menschen müssen sterben I) - Voici l'harmonisation de J. Wolf (Entendre cet air).
  7. Zahn 6795. Wolf n° 67 , Ihme (1888) n° 114 Jesu, meines Lebens Leben. - Mélodie et harmonisqation de Wolf (Entendre ct air).

Mélodie Alles ist an Gottes Segen. A propos du cantique qui commence ainsi, le CG dit qu'il doit être chanté sur l'air de Immer fröhlich, immer fröhlich. Sur Internet on touve plusieurs mentions d'un chant "Immer fröhlich, immer fröhlich, alle Tage Sonneschein", mais ce n'est pas celui dont il s'agit ici. Le Colmarisches Lobopfer contient deux cantiques commençant ainsi, et dont le deuxième semble avoir été destiné à remplacer le premier (la première strophe est citée dans la version allemande de cette notice). Dans le GCAK, il est dit que Alles ist an Gottes Segen doit être chanté sur l'air de Jesus Christus herrscht als König, mais la mélodie connue aujourd'hui sous ce nom est de Theophil Stern (après 1850) et fut utilisée par Ihme pour le GCAK. J'avais d'abord supposé que la mélodie connue actuellement sous le nom de Alles ist an Gottes Segen était en fait celle que le CG désigne par Immer fröhlich, immer fröhlich. Selon EG, elle est de Johann Löhner (1691). Parmi les mélodies de Löhner qu'on trouve chez Zahn sur ce type de strophes, la seule qui entre en ligne de compte est le n° 4213, qui, quoique étant à trois temps, "rappelle" selon Zahn notre mélodie pour Alles ist an Gottes Segen, laquelle était toutefois considérée par lui comme issue, par transformations successives, d'une mélodie publiée d'abord en 1738 par Johann Balthasar König, et qui ne reçut que vers 1790 une forme proche de celle qui est chantée actuellement, à savoir dans les Choralgesänge du Berlinois Johann Christoph Kühnau (1790, Zahn 3842f) ou dans le livre d'orgue de Johann Adam Hiller (1793, Zahn 3842h). La forme de Kühnau est exactement celle qu'on retrouve dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien (Entendre cet air). Celle qu'on trouve chez Wolf (Entendre cet air) est, mis à part quelques notes de transition, identique à celle de Hiller. Ce n'est donc pas cette mélodie qui est visée (en 1781 !) par l'indication Immer fröhlich, immer fröhlich. Le problème reste posé. Il est difficile de savoir si Kühnau et Hiller avaient connaissance de la mélodie de Löhner et s'ils l'ont utilisée en la "régularisant".

Mélodie An Wasserflüssen Babylon (ou Herr Gott, der du erforschest mich.). Le nom donné traditionnellement à cette mélodie provient d'un texte inspiré du psaume 137 (V. ce cantique sur le site http://www.klassika.info/Komponisten/Schuetz/GeistlichesWerk/SWV_242/). Le psaume dit : 1. Sur les bords des fleuves de Babylone, Nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion. 2 Aux saules de la contrée Nous avions suspendu nos harpes. 3 Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants, Et nos oppresseurs de la joie : Chantez-vous quelques-uns des cantiques de Sion ! De nos jours le seul cantique couramment chanté sur cet air est celui de Paul Gerhardt Ein Lämmlein geht und trägt die Schuld (CG Nr. 51), cf. Tu vins, Jésus, pour partager / toute notre existence. Dans les vieux livres d'orgue on le trouve parfois sous le nom de Lobsinget Gott, er schuf die Welt. Les différences ne sont pas insignifiantes entre la mélodie ancienne attribuée à Wolfgang Dachstein, 1487-1553 (1525) et celle que les paroissent chantaient généralement aux 18e-19e siècles. Pour Herr Gott, der du erforschest mich, Zahn (n° 7665 sqq.) donne d'autres mélodies, qui ne semblent pas avoir été connues dans la région. Comme le CG indique pour le cantique commençant par ces mots la mélodie An Wasserflüssen Babylon, nous supposons que c'est de cette mélodie qu'il s'agit. Nous donnons cette dernière sous la forme qu'on trouve dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien, et dans une harmonisation empruntée pour l'essentiel à Theophil Stern (Entendre cet air). La forme rythmique ancienne reprend l'harmonisation de F.A. Ihme (Entendre cet air). D'autres variantes ont existé. P.ex. J. Wolf (recueil Spitta) présente la mélodie avec une dernière phrase plus courte, où l'avant-dernière syllabe de la strophe est à chanter sur une seule note. - Dans le CG, le cantique Ein Lämmlein geht und trägt die Schuld (n° 51) et le cantique Herr Gott, der du erforschest mich (n° 192) sont pourvus de la mention Mel. An Wasserflüssen Babylon, alors que le cantique So gehst du, Jesu, williglich (n° 68) porte l'indication Mel. Ein Lämmlein geht und trägt die Schuld.Il est permis de penser qu'il s'agit de la même mélodie, puisque An Wasserflüssen Babylon a cessé de figurer dans les recueils.

Mélodie Auf meinen lieben Gott. Dans la Sammlung von Choralmelodien colmarienne, cette mélodie se trouve sous le nom de Wo soll ich fliehen hin ? ; je ne l'ai trouvée ni dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp) ni chez Th. Stern. Les différences entre la forme de Colmar (Entendre cet air) et celle qu'on trouve dans le Halleluja d'Ihme (Entendre cet air) ne sont pas tout à fait négligeables (le troisième et le quatrième vers ont la même ligne mélodique dans la forme colmarienne, non chez Ihme). Trois cantiques du CG (les numéros 221 Auf meinen lieben Gott, 157 Wo soll ich fliehen hin et 296 Lobsinget unserm Gott sont à chanter sur cet air.

Mélodie Aus meines Herzens Grunde. Cinq cantiques du CG, dont, il est vrai, deux dans le Supplément, sont à chanter sur cette mélodie (les numéros 18, 211, 301, 501 et 535) ; le cantique d'origine qui commence ainsi est dans le Supplément (535). Mais si nous consultons l'index alphabétique du livre d'orgue de Theophil Stern, nous y trouvons bien cet incipit, mais avec un renvoi aux deux mélodies du modèle métrique de Von Gott will ich nicht lassen. Dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 et dans la collection colmarienne Sammlung von Choralmemlodien, on ne trouve aucune trace de cette mélodie, qui remonte pourtant aux alentours de 1600. En dehors du souci de restreindre le nombre des mélodies différentes, qu'on peut observer par ailleurs, on peut penser qu'ici le rythme ternaire a paru trop peu approprié (on ne danse pas le menuet ou la valse à l'église) : on ne trouve pas dans le livre d'orgue de 1809 une seule mélodie ayant ce type de rythme. Encore chez Stern, le choral Allein Gott in der Höh sei Ehr dans sa version rythmique (de rythme ternaire, justement) n'apparait que dans le supplément. Nous donnons à entendre ici l'air de Aus meines Herzens Grunde dans l'harmonisation de J. Wolf (recueil Spitta) (Entendre cet air).

Mélodie Aus tiefer Not schrei ich zu dir. Quoique le CG renvoie ici à un "air connu", nous n'avons pu trouver d'air nommé d'après ce texte ni dans le recueil d'accompagnement de Th. Stern, ni dans celui de 1809 (Strasbourg), ni même dans le fascicule colmarien Sammlung.... Le livre d'accompagnement de Philadelphie de 1813 donne toutefois, dans un appendice, la mélodie dite "strasbourgeoise". Du moment que, d'après des souvenirs personnels, les deux mélodies, celle de Luther et celle "de Strasbourg" ont été chantées de longue date en Alsace, nous fournissons ici les deux. La mélodie dite "strasbourgeoise" peut être entendu sous une forme ryhtmique qui se trouve dans le livre d'orgue de J. Wolf (pour le recueil Spitta), dont nous reprenons avec peu de variantes l'air et l'harmonisation (Entendre cet air). On en trouve une forme plus banale dans le livre d'accompagnement de Philadelphie (Entendre cet air) ; l'air de Luther apparait ici dans l'harmonisation de F.A. Ihme (Entendre cet air). Il ne faut pourtant pas exclure que les éditeurs du CG aient eu en vue une troisième mélodie, car le patron de cette strophe est parmi les plus productifs. Du reste Theophil Stern met le texte du cantique "Aus tiefer Not" entre les portées de son accompagnement pour Wenn einst mein sterbend Auge bricht / Wenn mein Stündlein vorhanden ist.

Mélodie Christ lag in Todesbanden. Cette mélodie est apparentée à l'origine avec celle de Christ ist erstanden. Sous sa forme particulière, on l'attribue à Martin Luther. Elle a été beaucoup utilisée par des compositeurs (J.S. Bach, Pachelbel, Telemann et plusieurs autres). Les vieux livres d'orgue (Hepp 1809, Th. Stern) ne la connaissent pas. Nous la donnons ici d'après F.A. Ihme (Entendre cet air). On peut remarquer que conformément au texte original, les strophes du cantique 75 (Erblasst, in Todesbanden) ne se terminent pas par le Halleluja qu'on a pris coutume d'y ajouter, alors que l'autre cantique qui utilise la même mélodie, (n° 73, Dein Name werde weit und breit, Herr Jesu Christ, gepriesen) comporte cet Alleluya final.

Mélodie Christ unser Herr zum Jordan kam. Il s'agit d'une des mélodies que Luther est dit avoir composées pour des textes de lui-même. Comme d'autres mélodies de cette époque, elle manque dans certains livres d'orgue. C'est ainsi qu'on ne la trouve ni dans le livre d'orgue paru aux alentours de 1850 à Strasbourg, ni dans celui de Theophil Stern. Toutefois la collection de mélodies de chorals colmarienne Sammlung von Choralmelodien et le livre d'orgue strasbourgeois (Hepp) de 1809 la donnent. Nous la donnons à entendre ici dans la version du livre d'orgue de 1809 (Entendre cet air) et dans celle de F.A. Ihme (Entendre cet air).

Mélodie Christus, der ist mein Leben. La plupart des recueils d'accompagnement désignent la mélodie par ce texte, qu'on trouve dans tous les recueils de cantiques (GCAK 413, Spitta 330, GKAKEL 461, EG 516), même si le CG (n° 341) en donne une version entièrement récrite. Toutefois c'est surtout avec le cantique Ach bleib mit deiner Gnade qu'on la chante, et parfois on la désigne par ce début. En français, le cantique Demeure par ta grâce est sans doute le seul qui l'utilise. Il en existe plusieurs variantes. Dans le livre d'orgue de Th. Stern comme dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien, on en a une forme assez torturée (Entendre cet air), alors que le Halleluja d'Ihme restitue la forme originale dans sa belle simplicité. (Entendre cet air)

Mélodie Christus der uns selig macht ou Jesu, deine Passion. Ce sont ces deux débuts de cantiques qui figurent à tour de rôle en tête des harmonisations données par les livres d'orgue, et celui de J. Wolf (livre d'orgue pour le cantique Spitta) classe significativement ce choral à l'ordre alphabétique de Christus der uns selig macht, mais en mettant entre les portées le texte de Jesu, deine Passion. L'autre texte n'est du reste pas présents dans les recueils, à l'exception de l'EG. La mélodie n'est présente ni dans la Sammlung von Choralmelodien de Colmar, ni dans le livre d'orgue Choralbuch für den Ober- und Niederrhein (Strasbourg, 1809), ni dans celui de Theophil Stern. On peut penser que les esprits "modernes" d'alors la trouvaient méprisable, peut-être en raison des notes répétées au début de plusieurs vers. Elle ne figure du reste dans le CG que par deux cantiques du Supplément. Nous la donnons ici à entendre exactement sous la forme sous laquelle elle figure dans le livre d'orgue Halleluje de F.A. Ihme (pour le GCAK). Il est difficile de supposer qu'elle ait jamais été chantée exactement sous cette forme, quoique l'EG la reprenne sous une forme analogue. Dans le courant du 19e siècle en tout cas, on devait déjà chanter une forme de cet air qui ressemblait à ce que nous connaissons aujourd'hui. Nous la présentons ici dans la version et avec l'harmonisation de J. Wolf (Entendre cet air).

Mélodie Danksagen wir alle. Ihme fournit encore cette vieille mélodie dans la partie liturgique de son livre d'orgue. Ses successeurs ne la connaissent plus. Plusieurs petites différences séparent le texte du CG de celui dont Ihme accompagne son harmonisation, y compris des différences dans le nombre des syllabes. C'est pourquoi nous avons ici adapté la mélodie au nombre des syllabes du CG. Malgré tout, il n'est guère possible de s'assurer que cette mélodie ait été effectivement chantée telle quelle (Entendre cet air). Toutefois on la trouve dès 1707 dans le recueil de cantiques du pays de Hanau (n° 50). Ce qui est certain, c'est qu'il n'est pas facile de couler dans ce moule les paroles du cantique 128 (Jehovah).

Mélodie Der lieben Sonne Licht und Pracht. Dans le CG, ce début de texte est mis sous la forme Der goldnen Sonne..., mais le livre d'orgue strasbourgeois de 1809, dont nous tirons à la fois la mélodie et l'harmonisation, dit lieben. Le premier texte sous lequel il la donne d'ailleurs n'est pas celui-là, mais Preis sei dir, meinem Gott, gebracht, un cantique que je ne connais pas par ailleurs, mis à part le texte du recueil strasbourgeois de 1808..Le cantique Der lieben Sonne Licht und Pracht est en effet absent de ce recueil. Le patron strophique assez inhabituel explique qu'on ne trouve qu'un seul cantique chanté sur cet air (Entendre cet air). s'agit d'un chant pour un jour de repentance (n° 321).

Mélodie Durch Adams Fall ist ganz verderbt. Chez Theophil Stern on trouve dans l'index alphabétique Durch Adams Fall ist ganz verderbt avec un renvoi à Ach höchster Gott, verleihe mir, dont la mélodie est en fait celle que nous connaissons sous le nom de Was mein Gott will, das gscheh allzeit. Le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien ne connait pas le texte Durch Adams Fall, alors que pourtant le CG fait chanter six cantiques sur l'air dénommé ainsi, qui doit être distinct de celui de Was mein Gott will, puisque quatre autres cantiques se chantent sur ce dernier air. Le recueil de cantiques de Deux-Ponts de 1823 donne la mélodie sous une forme qui se distingue de celle qu'on peut entendre ici (Entendre cet air) non seulement par le fait que toutes les blanches de notre version y apparaissent comme des noires, mais aussi par une structure totale&ugravement différente dans la deuxième partie de la strophe (au lieu de 4c-4c-6de-4f-4f-6de, nous y trouvons 8c-8c-6de-6de). Dans ce cas, nous n'avons pas proposé la forme simplifiée de la mélodie, qui est tellement différente de la forme "rythmique" qu'elle ne convient plus auax mêmes textes. Ici donc la forme rythmique. L'harmonisation est celle de F.A. Ihme.

Mélodie Ein feste Burg ist unser Gott. Ce cantique est devenu une sorte d'hymne pour les protestants, et en général on ne chante sur sa mélodie aucun autre cantique. Comme le texte, elle est de Martin Luther. Mais depuis bien longtemps la forme originale rythmique, qu'Ihme, et après lui le GKAKEL et l'EG ont cherché à réintroduire (Entendre cet air), a été remplacé par une forme simplifiée qui est en général considérée comme plus percutante par les fidèles - pas seulement ceux qui limitent à peu de dimanches, dont celui de la Réformation, leur participation aux cultes. Nous proposons ici la forme et l'harmonisation qu'on trouve chez Th. Stern (Entendre cet air). Le CG propose de chanter sur la même mélodie un autre cantique, Wenn Christus seine Kirche schützt. Mais il existe des mélodies spécifiques pour ce texte (voir le paragraphe consacré à cette mélodie). Il est curieux que Theophil Stern donne la mélodie d'Ein feste Burg deux fois, la deuxième fois sous le titre Wenn Christus seine Kirche schützt. C'est sans doute un signe que pour lui, Ein feste Burg devait au fond avoir sa propre mélodie et ne la partager avec aucun autre cantique...

Mélodie Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort. Comme Ein feste Burg, c'est aussi un chant de Martin Luther. Il peut être considéré comme un chant de combat sur le plan théologique. Il semble ne pas avoir été présent dans tous les recueils de cantiques du 19e siècle, car la mélodie manque chez Th. Stern, et le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp - Herrenschneider) la donne certes, mais sans évoquer ce texte. Elle est présentée comme quatrième et dernière de la série consacrée au modèle de strophe de Dies ist der Tag, den Gott gemacht, et le texte alternatif qu'on indique est Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ. Nous avons déjà eu l'occasion de dire à propos de ce dernier cantique qu'il a été chanté au moins dans certaines paroisses sur l'air de Erhalt uns Herr. Cet air a dû être en général chanté au 19e siècle comme nous le présente ce recueil strasbourgeois de 1809 (Entendre cet air) ; Ihme est revenu à une forme moins ornée (Entendre cet air). Comme le CG indique ici la mélodie par le texte Erhalt uns Herr, nous avons supposé que celle qu'il désigne par Ach bleib bei uns n'est pas la même.

Mélodie Ermuntre dich, mein schwacher Geist. C'est par ce texte que commence le seul cantique du CG qui porte le renvoi à la mélodie Mel. Nun sieh, wie fein und lieblich ist.. J'ai supposé qu'il s'agissait de celle-là même qu'on trouve dand le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 sous le nom de Ermuntre dich, mein schwacher Geist. Elle fut publiée par Johannes Schop en 1641, mais subit par la suite des métamorphoses qui seront illustrées ici par la juxtaposition de la forme donnée par le livre d'orgue de 1809 (Entendre cet air), qu'on retrouve du reste tel quel chez Theophil Stern, et celle que nous donne le Halleluja d'Ihme (Entendre cet air). Un avatar de cette mélodie se retrouve dans la tradition française avec Seigneur, accorde-moi d'aimer.
Cependant le livre d'orgue de Strasbourg de 1809 (n° 45 et 46) et le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien (n° 38 et 39) comportent d'une part cette mélodie de Ermuntre dich, mais ensuite, avec le texte alternatif Nun sieh wie fein und lieblich ist une deuxième mélodie que je n'ai pas trouvée ailleurs. On ne peut pas exclure que ce soit celle qui est ici visée par le CG. (Harmonisation du livre d'orgue strasbourgeois. Entendre cet air). C'est un air (Zahn 5736) d'abord paru à Strasbourg vers le milieu du 16e s. Il est beau, mais curieux, et se termine sur la dominante, donnant une impression d'inachèvement.
Le texte de Nun sieh, wie fein und lieblich ist se trouve (1e strophe) chez Zahn n° 5736 ; voici le texte, presque identique, qu'on lit dans le livre d'orgue d'Adam Friedrich Bayerdörffer, Schwäbisch Hall, 1768 p. 83
Nun sieh, wie fein und lieblich ist
recht brüderlich zu leben.
nach Einigkeit in Jesu Christ
mit reinem Herzen streben ;
Dann einerley gesinnet seyn
verschaft, einander dulten fein
und mäsig von sich halten,
da will die Lieb selbst walten.

Le poème est de Konrad Hubert (1507-1577). C'est une paraphrase du psaume 133.

Mélodie Es ist das Heil uns kommen her. Cette mélodie, qui apparait onze fois dans le CG, figure dans le recueil d'accommpagnement de Theophil Stern, mais comme une des mélodies possibles de Lob, Ehr und Preis dem höchsten Gut, ce qui est une version "modernisée" de Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut (v. la notice sur cet air. En dehors des mélodies entre lesquelles on verra que les recueils donnent le choix, on pourrait citer aussi d'autres mélodies convenant au mêle moule strophique : Aus tiefer Not schrei ich zu dir ou Ach Gott vom Himmel sieh darein, Nun freut euch, lieben Christen gmein et encore d'autres. Ici on a pris l'air généralement connu pour le texte Es ist gewisslich an der Zeit. Le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien en donne une version un peu maniérée. (Entendre cet air)

Mélodie Es ist gewisslich an der Zeit. Il s'agit d'une des nombreuses mélodies qui suivent le patron strophique 8-6e-8-6e-8-8-6e, où en général le dernier vers ne rime pas (il arrive qu'il reprenne la rime des vers 2 et 4). Elle figure chez Th. Stern (Entendre cet air) en deuxième place des mélodies placées sous le titre général Lob, Ehr und Preis, c'est-à-dire Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut (à vrai dire, Es ist gewisslich an der Zeit est mentionné comme deuxième appellation). Cette mélodie se retrouve sous une forme un peu différente chez Ihme, cette fois sous le nom Es ist gewisslich an der Zeit (Entendre cet air). Elle a ensuite perduré sans modification importante jusque dans les recueils les plus récents.

Mélodie Es kostet viel ein Christ zu sein. Le recueil de cantiques de 1912 de l'église évangélique du Wurtemberg donne la mélodie parue en 1704 "chez J.A. Freylinghausen". Le texte est lui-même paru en 1704, et la mélodie de ce recueil est la mélodie originale, publiée avec le texte. Le patron de la strophe est du reste tellement inhabituel qu'on pourrait difficilement trouver une autre mélodie qui s'y adapte. Nous donnons ici une harmonisation personnelle (si quelqu'un veut en proposer une meilleure, je suis preneur) Entendre cet air. - Chez Zahn n° 2727 à 2736 on peut trouver dix mélodies ou formes de mélodies, dont les sept premières sont associées à Es kostel viel, les trois dernières à Es ist nicht schwer. La mélodie d'Ihme porte chez Zahn le numéro 2733.

Mélodie Freu dich sehr, o meine Seele. C'est à l'origine la mélodie du Psaume 42 dans le psautier français (genevois) de 1562. La mélodie est de Louis Bourgeois, harmonisée par Claude Goudimel, sur le texte de Th. de Bèze Ainsi qu'on oit le cerf bruire (Plus tard Comme un cerf altéré brame). La forme rythmique (Entendre cet air) a été réintroduite par F.A. Ihme. Theophil Stern a encore la forme simplifiée (notes égales) usuelle au temps du Colmarisches Gesangbuch (Entendre cet air). Stern ajoute, sous le même texte (ici "Freue dich, o meine Seele") deux autres mélodies, qui sont, l'une celle de Werde munter, mein Gemüte, l'autre celle de Der am Kreuz ist meine Liebe. Il est vrai que selon le CG, ce dernier cantique est chanté sur la mélodie de Werde munter, mein Gemüte. Mais sa mélodie propre est fournie par Stern (et dans la collection colmarienne Sammlung von Choralmelodien).

Mélodie Gelobet seist du, Jesu Christ. Cette mélodie antérieure à la Réforme, et qui comme bien d'autres fut reprise par Luther, n'est présente ni dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809, ni dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien, ni dans le livre d'orgue de Theophil Stern. Entre la version d'Ihme (qu'on pourra entendre ici) et celle qu'on trouve chez J. Wolf (recueil Spitta) ou celle du GKAKEL ou de l'EG, on trouvera plusieurs petites différences. Le caractère archaïque de la mélodie peut avoir été la raison de l'ostracisme dont la frappèrent les organistes du 19e siècle, qui la considéraient sans doute comme mal adaptée à la sensibilité moderne, et c'est sans doute la même raison qui explique la faveur dont elle jouit aujourd'hui (auprès de spécialistes).
Le modèle auquel cette mélodie est adaptée est du type 8a-7a-8b-8b-4, qui est le modèle du chant d'origine, le n° 41. Mais le chant 48, qui selon le CG doit être chanté sur la même mélodie, est du type 8a-8a-8b-8b-4b : le deuxième vers a une syllabe inaccentuée qui s'ajoute au début (cet ajout est facile à faire dans la mélodie, mais l'organiste doit être prévenu), et par ailleurs le dernier vers court rime avec les deux précédents.

Mélodie Gott des Himmels und der Erden. Il pourrait aller de soi qu'une mélodie composée spécialement pour un texte par l'auteur du texte soit adoptée universellement. Cette mélodie de Heinrich Albert (ou Alberti) est du reste flatteuse pour l'oreille et s'apprend aisément (Entendre cet air). Pourtant la mesure à trois temps a pu paraitre trop peu religieuse à certains spécialistes ; toujours est-il qu'une forme homogénéisée toute en blanches (ou en noires) a vu le jour, qui fut utilisée par J.S. Bach et se retrouve tant chez Theophil Stern que dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien. La partie finale de la mélodie y est totalement transformée. (Entendre cet air). Le fascicule colmarien propose par ailleurs une deuxième mélodie, laquelle est même donnée en premier (Entendre cet air).

Mélodie Herr Christ, der einig Gotts Sohn. On trouve cette mélodie tant dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien que chez Ihme (Halleluja) et dans les livres d'orgue plus récents ; elle manque en revanche chez Theophil Stern, alors que pourtant il n'existe aucune mélodie alternative susceptible de la remplacer pour les mêmes textes, à moins qu'on force celle de Wenn meine Sünd' mich kränken à entrer dans le moule - mais cette dernière n'est pas davantage présente chez Stern. Ce dernier cantique est présent dans le CG comme étant à chanter sur l'air de Herr Christ, der einig Gotts Sohn, ce qui implique que dans le cinquième vers on dédouble l'avant-dernière note et que la dernière puisse être tonique (vers masculin de 8 syllabes). C'est une variante que l'on trouve explicitement indiquée tant chez Ihme que chez Wolf. Le livre d'accompagnement strasbourgeois de 1809 (Hepp) donne une version aussi alambiquée que le fascicule colmarien (Entendre cet air). On trouve dans l'EG une forme rythmique ancienne (Entendre cet air). Même Ihme éprouve le besoin de simplifier un peu en ne conservant le rythme ternaire que dans l'avant-dernier vers de la strophe ; J. Wolf (recueil Spitta) en donne une version encore un peu plus simple. On ne sera pas surpris de trouver dans le fascicule de Colmar une tonalité nettement plus aigüe (Si bémol) que chez Ihme et EG (Fa).

Mélodie Herr Gott, dich loben wir. Ce cantique, le Te Deum, ou Cantique de saint Ambroise, est absent du livre d'orgue de Theophil Stern. Friedrich August Ihme en donne une harmonisation fondée sur une mélodie médiévale. Le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien contient une mélodie plus moderne. On ne peut guère espérer déterminer quelle est la mélodie qui fut réellement chantée dans la région de Colmar au 19e siècle. On est parti ici de l'idée que c'est probablement une mélodie moderne, dans l'esprit du temps. C'est la raison pour laquelle on donne ici la mélodie du fscicule colmarien, qui s'adapte parfaitement au texte du CG. Pour l'harmonisation, on a pu se fonder sur la basse chiffrée du livre d'orgue strasbourgeois de 1809. La mélodie connait des variations d'une strophe à l'autre. Pour suivre l'air sur la partition, on se servira de NoteWorthy Player. Melodie (1e strophe)

Mélodie Herr, ich habe missgehandelt. Le texte premier de cet air figure encore, au 19e siècle, dans le GCAK  ("Alt" 218, "Neu" 249 ; dans le  GCAK "Alt", on donne le choix :  "Eigne Melodie, oder: Ruhet wohl, ihr Todtenbeine")..Ce texte est de Johann Franck (1618-1677). On trouvera ici la mélodie sous la forme que lui donne le recueil de Deux-Ponts de 1823 ( Entendre cet air), qui, tout en indiquant (n° 69) comme mélodie "Herr, ich habe missgehandelt", met sous les notes un texte sur l'hypocrisie qui porte à se croire "pur" (v. le texte de la strophe 1 dans le commentaire en langue allemande). Le livre d'orgue strasbourgeois Hepp-Herrenschneider de 1809 en donne une forme voisine. La mélodie est de Johann Crüger. Ihme 1875 en donne la forme rythmique (Entendre cet air) qu'on trouve aussi chez Zahn n° 3795.

Mélodie Herr Jesu Christ, dich zu uns wend. Le patron strophique (8a-8a-8b-8b) est celui de O Jesu Christ, meins Lebens Licht (c'est-à-dire Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ), celui de Vom Himmel hoch da komm ich her. Dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien on la trouve en troisième mélodie "parallèle" du modèle de Vom Himmel hoch, avec Erhalt uns Herr, bei deinem Wort en quatrième. Il en est de même dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809. Nous en proposons ici deux formes. Durant le 19e siècle, c'est surement la forme simplifiée du livre d'orgue strasbourgeois (1809) qui était usuelle (Entendre cet air). De nos jours on chante de nouveau la forme rythmique qu'Ihme fut le premier à réintroduire (Entendre cet air).

Mélodie Herr Jesu Christ, du höchstes Gut. Cette vieille mélodie (Görlitz et Dresde, fin du 16e siècle, selon EG) se trouve dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien et chez Theophil Stern, mais non dans le livre d'orgue de Strasbourg de 1809 (Hepp), en tout cas pas sous ce nom. Elle est absente aussi du recueil Spitta, mais a reparu dans le GKAKEL et l'EG, avec le texte qui lui donne son nom. Chez Stern, à vrai dire, on la rencontre sous le nom de Wenn einst mein sterbend Auge bricht ou Wenn mein Stündlein vorhanden ist, en tant que 4e et dernière mélodie de la série Lob, Ehr und Preis dem höchsten Gut (= Sei Lob und Ehr dem h. G.). Le fascicule colmarien la donne lui aussi sous le nom de ces deux cantiques d'enterrement. Il est cependant permis de supposer que sous le nom Wenn mein Stündlein vorhanden ist le CG visait un autre air (voir cette mélodie). Pour Herr Jesu Christ, du höchstes Gut, nous présentons deux formes : D'abord celle du fascicule de Colmar (Entendre cet air), qui est presque identique à celle de Th. Stern (sauf que la dernière syllabe tonique des vers féminins - 2, 4 et 7 - est longue chez Stern, alors qu'en pareil cas la collection colmarienne la laisse presque toujours brève). Ensuite la forme plus recommandable sous laquelle on la trouve chez Ihme (Entendre cet air).

Melodie Herr Jesu Christ, ich weiss gar wohl. Le cas de cette mélodie est particulièrement embrouillé. Si l'on se limite aux recueils et livres d'orgue alsaciens, on fait les observations suivantes :
- Dans le livre d'orgue Hepp-Herrenschneider (Strasbourg 1809) on trouve p. 1 une mélodie portant le nom "Lob, Ehr und Preiß, oder : Herr Jesu Christ ich weiß" ; la collection colmarienne de mélodies (vers 1840) offre aussi cette même mélodie, sous le même nom, en n° 1. Chez Théophile Stern (1869), le texte Herr Jesu Christ, ich weiß gar wohl figure dans l'index, mais avec un renvoi global aux pages 40 à 43, où l'on trouve en premier cette même mélodie (l'écouter), mais accompagnée du texte Lob, Ehr und Preis dem höchsten Gut (= Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut). Chez Ihme, la même mélodie ne se trouve que dans l'édition de 1888 p. 261 ("X" dans une série de mélodies dont Ihme aurait préféré faire l'économie), et Wolf ne la connait plus. Ihme veut voir dans cette mélodie un avatar de celle de Du Lebensbrot, Herr Jesu Christ (Zahn n° 4680), mais cela me parait peu plausible. Zahn en tout cas ne fait pas ce rapprochement, et la cite au n° 4713 avec le texte français Faisons éclater dans nos chants : elle serait d'abord parue à Strasbourg dans le recueil Cantiques spirituels en 1758.
- Mais par ailleurs le CG déclare à propos du cantique Herr unser Gott, ich weiß gar wohl (version reformulée de Herr Jesu Christ, ich weiß gar wohl) qu'il est à chanter sur l'air de Wenn mein Stündlein vorhanden ist. Ce dernier texte accompagne dans le livre d'orgue Hepp une autre mélodie (p. 2 : "Zweite Mel., oder : Wenn einst mein sterbend Auge, oder : Wenn mein Stündlein vorhanden ist".) Cette mélodie se retrouve chez Stern p. 43 (l'écouter), und porte chez Ihme (n° 80 p. 46) le nom Herr Jesu Christ, du höchstes gut, du Brunnquell aller Gaben. Cette mélodie aussi disparait chez Wolf
- Sous le nom Herr Jesu Christ ich weiß gar wohl se trouve chez Ihme (n° 229 p. 137) une mélodie de Melchior Vulpius, qui très certainement n'était pas celle que visaient les éditeurs du CG. De même pour Wenn mein Stündlein vorhanden ist, on peut trouver chez Ihme (n° 198 p. 116) et Wolf (n° 132 p. 140) une autre mélodie, et une de plus chez Ihme (n° 197 p. 116). Mais il me parait vraisemblable que la mélodie à laquelle pensaient les éditeurs du CG est une de celles qui portaient encore le même nom dans les livres d'orgue du début du 19e siècle.
- A propos des nombreuses mélodies du patron versifié de Herr Jesu Christ, ich weiß gar wohl, voyez le site Choralmelodien. Sélectionnez la mélodie "Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut (Strophenmuster)".

Mélodie Herzlich lieb hab ich dich, o Herr. Le cantique qui commence par ces paroles est présent dans les recueils plus récents, mais non dans le CG, qui ne fait chanter sur sa mélodie que ce cantique à une seule strophe Vor Gericht, Herr Jesu. Cette mélodie est du reste absente de tous les livres d'orgue alsaciens parus avant 1860, du moins de ceux dont j'ai connaissance. On l'entendra ici dans la version et l'harmonisation données par J. Wolf dans son livre d'orgue (recueil Spitta). Ihme produit une forme un peu déviante, peut-être plus ancienne, mais qui n'a surement pas été chantée au 19e siècle, et que de nos jours l'EG n'a pas reprise non plus (Entendre cet air).

Mélodie Herzlich thut mich verlangen. Ceci aussi était à l'origine une chanson profane, d'amour : Mein Gmüt ist mir verwirret, das macht ein Jungfrau zart etc. ("mon esprit est troublé à cause d'une tendre jeune fille"). V. http://www.lieder-archiv.de/lieder/show_song.php?ix=300234. H.L. Hassler l'aurait composée pour ce texte préexistant. Le chant d'église Herzlich thut mich verlangen nach einem selgen End ("Je désire ardemment une fin bienheureuse") n'est pas dans le CG, mais reparait dans l'EG. Chez Stern, la mélodie est donnée sous le texte Befiehl du deine Wege (CG n° 203), et dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien elle apparait sous le triple titre Der du voll Blut - Herzlich thut mich - Befiehl du deine Wege (le premier doit être compris comme une réfection de O Haupt voll Blut und Wunden = "Chef couvert de blessures", mais cette forme refaite n'est pas dans le CG). Comme bien d'autres mélodies anciennes, celle-ci a subi beaucoup de transformations. Au temps du CG, c'est une forme simplifiée, non rythmique, qui a certainement été chantée. Nous la donnons ici comme nous la présente la collection colmarienne Sammlung von Choralmelodien, et avec une harmonisation qui s'inspire de celle de Théophile Stern (Entendre cet air). Cette forme simplifiée s'est perpétuée en Alsace jusqu'au recueil Spitta, et dans la tradition française jusqu'à Louange et Prière. Depuis on est revenu de part et d'autre vers une forme rythmique. (Entendre cet air). - Le CG contient huit cantiques à chanter sur cet air, dont l'un (n° 276) porte l'indication "Mel. Befiehl du deine Wege".

Mélodie Herzliebster Jesu. Dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp), dans celui de Th. Stern et dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien la mélodie porte le nom de Du mein Erlöser, der du für mich littest, qui est le début d'un cantique de Johann Samuel Diterich qui a pris dans les recueils la place de Herzliebster Jesu. Bien entendu, c'est une forme simplifiée que donnent ces deux documents (Entendre cet air). Comme dans le cas d'autres chorals, F.A. Ihme nous donne de nouveau la forme originale de J. Crüger, celle qu'on chante de nos jours (Entendre cet air). Ihme donne du reste une indication de vitesse selon laquelle la noire = 60, ce qui dans son système d'indications de vitesse correspond environ à 80 noires à la minute, une allure légèrement plus lente que ce que nous donnons à entendre ici.

Mélodie Ich hab mein Sach Gott heimgestellt. Mélodie de cinq vers, dont le quatrième vers n'a que 4 syllabes ; les trois derniers vers sont sur la même rime. Les livres d'orgue de la première moitié du 19e siècle ne donnent pas cet air, et le cantique correspondant est du reste absent du recueil strasbourgeois de 1808. On en trouve une forme rythmée (Ihme, entendre cet air) et une forme banalisée (chez Wolf, entendre cet air). C'est cette dernière qui a certainement été chantée au temps du CG.

Mélodie Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ. Comme dans le cas de toute une série d'autres mélodies, on ne peut que constater que tant la collection colmarienne Sammlung von Choralmelodien que les livres d'orgue de Hepp (Strasbourg 1809) et de Th. Stern ne connaissent aucune mélodie de ce nom. Comme il s'agit d'une mélodie d'un patron très spécial (8a-6be-8a-6be-8c-6de-3de6c-6de), il est difficile de dire comment les organistes pouvaient se débrouiller en l'absence d'une partition adéquate. La mélodie est ancienne, puisqu'elle remonte au début du 16e siècle. Elle a d'abord paru en Alsace. On la donne ici à entendre sous la forme que lui donne Ihme, et qui est encore usuelle actuellement. L'harmonisation est aussi la sienne.

Mélodie In dich hab ich gehoffet, Herr. Cet air de cinq vers est originaire de Bohême, selon EG, et fut d'abord publié au 16e siècle. On n'observe que des variantes peu importantes, mais il y en a toute une série, comme on pourra voir par les deux formes qu'on donne à entendre ici. L'une est celle du livre d'orgue Hepp de (1809) dont on reproduit l'harmonisation (Entendre cet air), l'autre est celle de Friedrich August Ihme, également avec son harmonisation (Entendre cet air). En dehors du cantique qui donne son nom à la mélodie, In dich hab ich gehoffet, Herr (n° 209) le CG fait chanter encore un autre cantique (n° 297) sur ce même air, un cantique de supplication pour une période de peste.

Mélodie Jehovah, Jehovah. L'annotation principale disait à quel point la mélodie de J. K. Gerold s'est vité répandue. Jean-Charles (ou Johann Karl) Gerold, 1745-1822, fut pasteur à Boofzheim (entre Sélestat et Lahr) de 1782 à 1810, et plus tard à Kolbsheim. Cette mélodie fut publiée en 1800. Mais à la suite des troubles de la Révolution, Gerold a vécu quelque temps à Strasbourg en 1799, où il a peut-être compoé la mélodie. À la Médiathèque protestante à Strasbourg, on trouve dans un exemplaire du CG que l'acquéreur a daté de décembre 1800, l'"hymne de paix" n° 367, déjà avec le renvoi à cette mélodie, sur un feuillet inséré après coup, mais si soigneusement que c'est surement du travail de professionnel. À la fin du feuillet, on trouve l'avertissement suivant (je traduis) : "Rappel. Les membres de la communauté protestante sont invités à faire insérer le présent chant de louanges dans leur recueils de cantiques, parce qu'il n'en sera plus distribué d'exemplaires dorénavant.". Ce feuillet ne peut pourtant pas avoir été dans le cantique dès son achat en 1800, car il contient la strophe 8 qui dit :
Gib dem Kaiser, Deinem Knechte...
"Donne à l'empereur, ton serviteur"... Il n'y a eu d'empereur (français) qu'à partir de 1804. Tout de même, cet air a dû se répandre fort vite, avant 1807 en tout cas. Nous en donnons ici une harmonisation d'après Theophil Stern (Entendre cet air), qui reste plus fidèle à l'esprit de cette mélodie que celle d'Ihme. Par ailleurs, pour donner une idée de la façon dont l'air du cantique 127 pouvait être adapté à ce texte, nous donnons aussi cette mélodie ancienne sous la forme demandée par le texte de Pfeffel (Entendre cet air). En effet le nombre des syllabes des vers n'est pas partout le même que dans Danksagen wir alle.

Mélodie Jesu, der du meine Seele. Comme pour beaucoup d'autres mélodies, on trouve ici une différence sensible entre la forme sous laquelle la mélodie apparait dans les livres d'orgue du début du 19e siècle et celle qu'on trouve dans le Halleluja d'Ihme. Mais ici, ce n'est pas que Ihme donne une forme rythmée en face d'une forme simplifiée préexistante. Le CG fait chanter six cantiques sur cet air disparu des recueils actuels de cantiques, à savoir les numéros 13, 56, 58, 132, 153 et 176, à quoi s'ajoute dans le Supplément le n° 533. Le cantique qui lui donne son nom est au numéro 153. Voici d'une part la mélodie et l'harmonisation du livre d'orgue Hepp de 1809 (entendre cet air), et par ailleurs le même air tel que le présente et l'harmonise F.A. Ihme (Entendre cet air).

Mélodie Jesu du mein liebstes Leben. Le seul cantique que le CG demande de chanter sur cet air est Lasset uns mit Jesu ziehen (n° 60). Dans le livre d'orgue d'Ihme, on trouve ce dernier texte avec la mélodie intitulée Jesu du mein liebstes Leben, si bien qu'il est permis de supposer qu'il s'agit de la même dans l'indication du CG, Zahn 7891 (Entendre cet air). Cet air se trouve déjà, sous forme simplifiée, dans le recueil francophone de Strasbourg en 1747, pour un texte qui est censé transposer en français Sollt ich meinem Gott nicht singen.  Plus tard, on a chanté Lasset uns mit Jesu ziehen sur une des mélodies de Sollt ich meinem Gott nicht singen

Mélodie Jesu meine Freude. Dans ce cas l'identité de la mélodie ne fait pas de doute et sa forme n'a pas beaucoup varié avec le temps. Elle parut d'abord chez J. Crüger en 1649. Nous en donnons tout de même deux harmonisations. Celle du livre d'orgue Hepp (1809) (Entendre cet air) parait assez nettement - quoique peut-être de façon médiate - inspirée par des harmonies de Bach, alors que celle d'Ihme (Entendre cet air) est sensiblement plus discrète. On illustre aussi par là les principales variantes rencontrées dans la mélodie elle-même.

Mélodie Jesu, meines Lebens Leben. Le CG ne nomme expressément cette mélodie que dans le Supplément, pour aller avec le cantique Meine Seele bleibet stille (n° 524). Curieusement, cependant, le cantique Jesu, meines Lebens Leben se trouve dans le recueil proprement dit, mais il est dit qu'on le chante sur l'air de Jesu, der du meine Seele. Nous supposons que l'air visé dans le renvoi du Supplément est celui-là même qui aujourd'hui encore accompagne le texte Jesu, meines Lebens Leben (Entendre cet air). Mais comme Ihme donne le même nom à une des mélodies de Alle Menschen müssen sterben, on ne peut pas en être totalement sûr. Pour tout l'ensemble des mélodies interchangeables autour de Alle Menschen müssen sterben, v. à cette mélodie.

Mélodie Jesus, meine Zuversicht. Chez Th. Stern, la mélodie connue aujourd'hui sous ce nom figure comme deuxième mélodie pour Meinen Jesum lass ich nicht. Nous la présentons ici sous la forme que lui donne le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien, où elle apparait par endroits avec des ornements typiques de ce recueil. La valeur brève de la note qui porte la dernière syllabe tonique du deuxième vers provient aussi de là, de même que la tonalité très aigüe de mi bémol majeur. Partout où c'est possible, nous reprenons l'harmonisation de Th. Stern, où le choral est en ut majeur (Entendre cet air).

Mélodie Komm, heiliger Geist, Herre Gott. C'est une des mélodies de choral qui sont absentes des livres d'orgue de la première moitié du 19e siècle, et pour lesquelles par conséquent les organistes de cette époque étaient obligés de se rabattre sur des documents antérieurs. A l'origine, c'est une mélodie médiévale, mais remodelée à la fin du 15e et au début du 16e siècle. Nous la présentons ici dans la forme que lui donne Friedrich August Ihme et dans son harmonisation (Entendre cet air).

Mélodie Kommt her zu mir, sagt Gottes Sohn. Chez Theophil Stern on trouve cette mélodie avec le texte So hoff ich denn mit festem Muth, un texte de Christian Fürchtegott Gellert (1715-1769). La première strophe en est donnée dans la version allemande de cette notice, mais aucun de nos recueils de cantiques ne le contient. Le cantique Kommt her zu mir, sagt Gottes Sohn (les éditions modernes disent toujours spricht à la place de sagt) est présentée par le CG dans une version totalement nouvelle. La mélodie (Entendre cet air) se trouve de nouveau, dans les recueils modernes, sous une forme ancienne rythmée (Entendre cette forme), qui fut réintroduite en Alsace par Ihme. les recueils anciens de cantiques et d'accompagnements donnaient souvent les cantiques dans des tonalités plus aigües que les recueils actuels, et le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien est exemplaire à cet égard. Il fournit cette mélodie en la mineur - Ihme de même, Stern en sol mineur - alors que l'EG la donne en mi mineur, c'est-à-dire deux tons et demi en dessous.

Mélodie Liebster Jesu, wir sind hier. Le recueil de mélodies colmarien Sammlung von Choralmelodien, que nous suivons ici, s'écarte seulement par quelques notes ornementales de la version de Th. Stern. La tonalité de La Majeur est celle de Stern, alors que le recueil colmarien donne la mélodie en Si b Majeur. Il y a neuf cantiques du CG qui se chantent sur cette mélodie. (Entendre cet air) Le phénomène remarquable est évidemment que l'avant-dernier vers se termine ici (chez Stern aussi) sur la tonique, alors qu'elle se termine sur la dominante dans les versions aujourd'hui usuelles.

Mélodie Mein Begierd steht über sich. Ce cantique est le seul dans le CG à être chanté sur cette mélodie. Pourtant le patron de la strophe, 7-7e-7-7e-7-7-7e-7e, n'a rien d'extraordinaire. Mais il n'y a effectivement aucune autre mélodie dans le recueil qui soit faite pour ce même patron. L'accompagnement a été écrit en s'inspirant de la basse chiffrée du recueil d'accompagnement de 1809 (Entendre cet air). Chez Ihme, qui fait chanter sur cet air un cantique de Sainte-Cène, on trouve une forme plus dépouillée de la même mélodie (moins de notes de passage).

Mélodie Mein erst Gefühl ou Ich dank dir schon. Le livre d'orgue strasbourgeois de 1809, le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien et le livre d'orgue strasbourgeois anonyme des environs de 1850 fournissent sous le titre Ich dank dir Gott [für all Wohlthat] une forme relativement peu reconnaissable de la mélodie. Nous la donnons à entendre ici parce qu'elle doit avoir été répandue au 19e siècle. Stern semble omettre cette mélodie. Ihme donne sous le titre Ich dank dir schon une forme très différente, sans doute plus proche de la forme originale parue chez Praetorius au début du 17e siècle, et qui a passé dans les recueils de cantiques de notre époque (Entendre cet air). Nous ne donnons pas à entendre ici une troisième forme, simplifiée, sous le titre Ich dank dir schon et le sous-titre Mein erst Gefühl, qu'on trouve chez J. Wolf (recueil Spitta). Le recueil américain Lutheran Hymnal connait une quatrième forme, assez proche de celle d'Ihme.

Mélodie Mein Gott, das Herz ich bringe dir. Comme on peut le voir par la notice relative au cantique commençant ainsi, il y a un doute sur la mélodie désignée par ce texte. Le CG ne nomme ni Lobt Gott, ihr Christen alle gleich, ni Nun sich der Tag geendet hat en tant que nom d'une mélodie. Mais ce dernier texte y figure avec la mention "Mel. Mein Gott, das Herz ich bringe dir". Le chant Lobt Gott, ihr Christen n'est pas dans le CG, mais ce dernier texte (cantique de Noël ou de l'Avent) est pourvu chez Th. Stern de deux mélodies, dont la deuxième est celle de Nun sich der Tag geendet hat. Dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien le même texte figure en tête de trois mélodies, et la 3e est là aussi celle de Nun sich der Tag geendet hat. Nous avons considéré cette dernière comme étant celle de Mein Gott, das Herz ich bringe dir. Les pages Web http://www.beepworld.de/members22/konradbraun/m.htm et http://ingeb.org/spiritum.html associent également les deux mêmes textes, et l'air qu'on peut y entendre (le même sur les deux sites) est une variante de celui qu'on trouvera ici (entendre cet air). C'est Mein Gott, das Herz ich bringe dir qui est dit se chanter sur l'air de Nun sich der Tag geendet hat. Il figure ici sous la forme que lui donne le fascicule colmarien ; chez Stern il n'est guère différent. Chez Ihme se trouve une forme ancienne presque identique à celle que donnent les deux sites allemands (mais de langue anglaise) (Entendre cet air). Chez Zahn, on trouve 42 mélodies conformes à ce schéma de strophe (les n° 197 à 238), mais celles qui sont mises sous le texte Mein Gott, das Herz ich bringe dir sont inconnues en Alsace.

Mélodie Meinen Jesum lass ich nicht. On trouve ici un bon nombre de mélodies différentes. Theophil Stern réunit toutes celles qui répondent au même moule versifié, de sorte qu'on y trouve côte à côte, sous le nom Meinen Jesum lass ich nicht, après une mélodie propre à ce cantique, celle de Jesus, meine Zuversicht (voir à ce texte), puis celle qui est universellement connue sous le nom Großer Gott, wir loben dich (Grand Dieu, nous te bénissons. Ihme aussi la donne sous le titre Meinen Jesum lass ich nicht). Le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien donne la première mélodie de Stern sous une forme assez déviante (Entendre cet air), alors que Stern et Ihme, dans ce cas, présentent pratiquement la même version (Entendre cet air). A côté de cela, Ihme ne se contente pas d'ajouter un air de sa composition (que nous omettons), il présente aussi un air du 18e siècle dont la présence surprend chez lui, car c'est un air plutôt sentimental (Entendre cet air - Chacun des deux derniers vers de la strophe doit être répété) ; on peut supposer que c'est l'origine alsacienne de cette mélodie qui explique sa présence dans ce livre d'orgue. Chez J. Wolf (recueil Spitta) on trouve une autre mélodie encore, qui est auss icelle de l'EG (Entendre cet air).

Mélodie Nun bitten wir den Heiligen Geist. Comme d'autres chants très anciens - selon l'EG, celui-ci remonte au 13e siècle - celui-ci n'est présent dans aucun des livres d'orgue de la région parus avant le Halleluja de F.A. Ihme. Peut-être les spécialistes de l'époque espéraient-ils faire disparaitre progressivement ces vestiges médiévaux. On peut observer de petites différences entre la mélodie telle qu'on la trouve chez Ihme et celle que donne J. Wolf (Entendre cet air).

Mélodie Nun danket alle Gott. Curieusement on ne trouve ni dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp-Herrenschneider), ni dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien un air dénommé d'après ce texte, et la mélodie connue sous ce nom n'y figure pas non plus sous un autre texte. Stern donne la mélodie avec la double appellation "O Gott du frommer Gott, Oder: Nun danket alle Gott". Il n'est pas impossible que les notes répétées aient fait trouver cet air peu intéressant, et qu'on ait préféré utiliser pour les textes qui y conviennent celle d'O Gott du frommer Gott, qui n'est du reste pas tellement différente. Mais du moment que quelques cantiques dans le CG sont indiqués comme se chantant sur Nun danket alle Gott, une série d'autres sur O Gott du frommer Gott, on a supposé que l'une et l'autre étaient considérées comme acceptables par les éditeurs du recueil. On les trouve toutes deux dans le cantique de Deux-Ponts de 1823. On donne à entendre ici celle de Nun danket alle Gott dans l'harmonisation de J. Wolf (livre d'orgue du recueil Spitta)(Entendre cet air), mais aussi sous la forme et avec l'harmonisation proposées par Ihme (Entendre cet air). Cette dernière, proche de la forme originale de Crüger, n'a pourtant jamais réussi à se réimplanter, et il est plus que vraisemblable que c'est une forme proche de celle de Wolf qui était couramment chantée au temps du CG.

Mélodie Nun freut euch, lieben Christen gmein. Cette mélodie semble avoir été victime, au 19e siècle, d'une tendance à la "simplification" du chant d'église. Le patron de strophe le plus abondamment représenté dans le cantique protestant de langue allemande est celui de Allein Gott in der Höh sei Ehr, ou de Es ist gewisslich an der Zeit, ou encore de Nun freut euch, lieben Christen gmein, c'est-à-dire le modèle "8a-6be-8a-6be-8c-8c-6e" (le dernier vers ne rime pas, en règle générale). Le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 fournit cinq mélodies représentant ce modèle, à savoir  :

Les auteurs pensaient peut-être avoir fourni plus de mélodies qu'il n'en fallait de ce modèle. Le GCAK, lui, en offre douze. Aucun autre livre d'orgue avant celui d'Ihme, ni le fascicule des mélodies de Colmar, ne donne la mélodie de Nun freut euch, sur laquelle le CG fait tout de même chanter huit cantiques. Ce sont les numéros 8, 36, 43, 74, 99, 106, 130 et 508. Le cantique Nun freut euch lui-même est au numéro 106, avec le début Nun, Christen, laßt uns frölich seyn. Je n'ai pas encore réussi à ce jour à savoir si les organistes du temps disposaient d'un livre d'orgue qui leur permettait de jouer cet air sans être obligés d'en improviser l'harmonisation. On pourra l'entendre ici dans l'harmonisation de Friedrich August Ihme (Entendre cet air).

Mélodie Nun komm, der Heiden Heiland. On écrit de nos jours cette mélodie de façon telle que la 1e, la 3e, la 5e et la 7e syllabe soient en début de mesure ou sur un temps fort ; on suppose donc que ces syllabes sont accentuées. Mais dans le premier vers de la première strophe, ce sont justement les trois autres syllabes qui sont toniques. Comme il s'agit d'une mélodie du 12e siècle, il ne faut pas trop raisonner dans les termes de notre musique classique distribuée en mesures égales. A la différence d'autres mélodies, celle-ci est présentée par le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien sous une forme très dépouillée, sans aucun ornement. Cela provient sans doute du fait que la mélodie progresse le plus souvent par degrés conjoints, ce qui ne permet pas d'insérer des notes intermédiaires. Comme la mélodie est absente aussi bien du livre d'orgue d'Ihme que de celui de Stern et du recueil strasbourgeois de 1809, nous avons été obligé de fournir nous-même l'harmonisation à quatre voix. On trouvera ici d'une part la mélodie telle que la donne le fascicule colmarien (Entendre cet air), de l'autre comme nous la trouvons dans les recueils de cantiques actuels (Entendre cet air).

Mélodie Nun lasst uns den Leib begraben. Mélodie d la première moitié du 16e s., sur un texte de Michael Weisse 1531. Comme souvent dans des chants de cette époque-là, des syllabes atones sont à chanter sur des notes accentuées. Comme cet air manque dans tous les livres d'orgue de la première moitié du 19e s., on peut se demander : comment faisaient les organistes pour bien connaitre la mélodie et pour l'accompagner ? Voici la mélodie et l'accompagnement d'Ihme 1875.
Entendre cet air. Et voici, sans accompagnement, la mélodie telle qu'on peut la trouver dans le cantique français de Strasbourg paru en 1769. (Entendre cet air)

Mélodie Nun lasst uns Gott dem Herren. Dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien, on trouve cet air sous le nom de Wach auf mein Herz [und singe], et le livre d'orgue de Theophil Stern ne l'introduit que dans l'annexe, sous la double dénomination de Nun lasst uns gehn und treten et de Wach auf, mein Herz, und singe. L'EG nous dit qu'il parut d'abord en 1587 chez Nikolaus Selnecker. La forme donnée par le fascicule colmarien, complètement défigurée (Entendre cet air), reproduit celle du livre d'orgue strasbourgeois de 1809, dont on donne ici l'harmonisation. La forme normale que nous proposons par ailleurs (Entendre cet air)est laissée dans l'harmonisation de F.A. Ihme (L'EG donne l'harmonisation un peu plus simple de J. Crüger).

Mélodie Nun lob mein Seel den Herren. Dans les livres d'orgue du début du 19e siècle, on trouve cette mélodie sous le nom de Kommt, kommt, den Herrn [zu preisen]. Selon l'EG, elle remonte à la fin du 15e siècle comme chanson profane, et fut publiée avec un texte spirituel en 1540 par le musicien augsbourgeois Hans Kugelmann. Nous proposons ici la version qui était en usage aux alentours de 1800 dans l'harmonisation du livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Entendre cet air), et la forme usitée actuellement, et plus proche de la forme originale, dans celle de J. Wolf (1899) (Entendre cet air).

Mélodie Nun ruhen alle Wälder / O Welt, ich muss dich lassen. Dans le recueil d'accompagnement de Theophil Stern , cette mélodie est définie comme celle de In allen meinen Thaten (CG, n° 226) ou de Nun ruhen alle Wälder. Au 19e siècle on voit apparaitre une variante Nun ruhet in den Wäldern, qu'il ne faut pas comprendre comme "Maintenant allez vous reposer dans les bois", mais comme "A présent reposent dans les bois..." (avec un sujet qui suit). Les trois premiers vers trouvés dans le recueil de Deux-Ponts de 1823 sont en effet :
Nun ruhet in den Wäldern,
in Stadt und Dorf, auf Feldern,
ein Theil der müden Welt...

Stern mentionne aussi l'origine profane de la mélodie (Innsbruck, ich muss dich lassen). La forme originale a été simplifiée, uniformisée, comme souvent. (Entendre cet air simplifié). De nos jours, les recueils de cantiques donnent de nouveau une forme rythmée, mais qui n'est pas identique à celle du chant original Innsbruck, ich muss dich lassen. Dans l'EG, cette mélodie se trouve exactement sous la forme que lui donne Ihme (chez lequel elle figure aussi sous le texte Nun ruhen alle Wälder). (Entendre l'air des cantiques modernes). Curieusement, le CG donne pour deux cantiques l'indication de mélodie "Mel. In allen meinen Thaten", mais le cantique In allen meinen Thaten lui-même porte le renvoi "Mel. Nun ruhen alle Wälder". J'ai supposé qu'il s'agissait de la même mélodie.

Mélodie O Ewigkeit, du Donnerwort. Ici, pas de doute sur l'identité de la mélodie, qui parut d'abord chez J. Crüger en 1653. Elle reparait fidèlement dans tous les recueils de cantiques, à l'exception de l'EG, qui sacrifie la mélodie en même temps que le texte. Pourtant nous la trouvons sous des formes multiples, dont deux seront ici proposées, très diffaérentes. D'abord la forme la plus simplifiée, celle du livre d'orgue Hepp (Strasbourg 1809), avec son harmonisation (Entendre cet air). C'est sans doute ainsi que le cantique était chanté au temps du CG. Ensuite la forme rythmique, telle que nous la présente Ihme dans son livre d'orgue Halleluja (Entendre cet air). Le recueil Spitta présente une forme intermédiaire qui a été reprise aussi par le GKAKEL. Le CG indique cette mélodie pour O Ewigkeit (n° 361) pour deux autres cantiques encore (les numéros 336 et 352).

Mélodie O Gott, du frommer Gott. Le recueil d'accompagnement de Theophil Stern donne dans sa première édition deux mélodies sous ce nom : l'une, "A.", est celle que nous appelons Nun danket alle Gott, l'autre est une forme de celle à laquelle nous continuons à donner le nom O Gott, du frommer Gott. Mais dans la deuxième édition (1869), on ne trouve plus que la première, alors que le fascicule de mélodies de Colmar offre une autre forme de l'autre mélodie. Les deux se ressemblent par plusieurs aspects. Nous donnons à entendre ici la forme telle qu'elle est donnée par le fascicule de Colmar (Entendre cet air)

Mélodie O Gott, du höchster Gnadenhort. Le cantique commençant par ces mots est le seul que le CG demande de chanter sur cet air. Spitta et l'EG proposent pour le même cantique la mélodie de Herr Jesu Christ, meins Lebens Licht, le GCAK celle de O Jesu Christ, meins Lebens Licht ou de Jesus der hat uns zugeseit ; au-dessus de l'harmonisation de cette dernière mélodie (dans le supplément, n° 230), Ihme dit : "Plus tard : «O Gott, du höchster Gnadenhort»". Zahn connait (n° 359) pour O Gott, du höchster Gnadenhort une mélodie spéciale, parue en 1545 chez Köpphl à Strasbourg ; selon lui les trois premiers vers de la mélodie ont été "pris dans la mélodie à cinq vers Jesus der hat uns zugeseit Strasbourg 1525." Si la mélodie de ce dernier cantique doit être utilisée pour O Gott, du höchster Gnadenhort, il faut l'amputer du dernier vers Erbarm dich unser, Jesu Christ !, ce qui est tout à fait possible. - Le GKAKEL reprend la méodie de chez Köpphl (Entendre cet air), qui, tout en étant absente de tous les livres d'orgue avant celui du GKAKEL, pourrait s'être conservée régionalement jusqu'à l'époque du CG (ici, on la fait entendre dans une harmonisation qui s'inspire de celle de Ihme pour Jesus der hat uns zugeseit).

Mélodie O großer Gott von Macht. Aucun des livres d'orgue alsaciens que je connais ne contient cette mélodie, qui suit un schéma métrique inhabituel (6-6a-6-6a-8b-8b-6cn-6cn ; pas de rime au premier et au 3e vers). Je la donne ici sous deux formes très différentes, au point qu'on peut se demander si le point de départ est réellement le même. D'une part la mélodie donnée par J. Crüger (édition de 1703) ; on se souviendra que Crüger fournit une basse, mais une basse non chiffrée. Les voix intermédiaires sont donc produites par recherche de la solution la plus simple, qui n'est pas forcément toujours celle qui était visée (Entendre cet air). D'autre part la mélodie qu'on trouve chez J.S. Bach, et qui est reproduite ici d'après la partition mise sur Internet par Margaret Greentree (http://www.jsbchorales.net) (Entendre cet air). Cette dernière mélodie a pour origine celle qu'on trouve chez Zahn sous le n° 5105a et qui fut composée, dit Zahn, "vraisemblablement par Melchior Franck" ; elle parut d'abord dans une publication séparée en 1532. Nous la retrouvons ensuite, entre autres, dans le recueil de cantiques de Hanau imprimé à Strasbourg en 1682. Mais - en tout cas sous cette forme rythmique - on peut être certain qu'elle n'était plus en usage en Alsace à la fin du 18e siècle (Entendre cet air)

Mélodie O Herre Gott, dein göttlich Wort. Cette mélodie aujourd'hui totalement inconnue en Alsace ne figure plus dans les livres d'orgue du 19e siècle, sauf Ihme, mais elle fut utilisée par J.S.Bach. Comme c'est le cas dans la mélodie de O du Liebe meiner Liebe, on y trouve un fragment mélodique de base qui commence par être chanté deux fois ; il est suivi d'une sorte d'intermède central; et la strophe se termine par une troisième occurrence de la ligne mélodique initiale. Ce fragment de mélodie qui revient trois fois se compose en général de deux vers, ici de trois, parce que les deux premiers n'ont que 4 syllabes chacun. La structure d'ensemble de la strophe est la suivante : 4a-4a-6be-4c-4c-6be-4d-4d-6fe-4g-4g-6fe. Nous présentons la mélodie ici d'une part sous la forme et dans l'harmonisation d'Ihme (Entendre cet air), d'autre part sous une forme simplifiée - comme celle sous laquelle elle devait être chantée au temps du Colmarisches Gesangbuch - dans une harmonisation personnelle (Entendre cet air). Pour que le texte aille bien avec la mélodie, il faut que dans la ligne mélodique prinicpale, la dernière syllabe tonique occupe les trois notes qui précèdent la dernière (une mesure entière).

Mélodie O Lamm Gottes unschuldig. Il est presque surprenant que ce cantique de caractère liturgique et presque mystique ait été accueilli dans les livres d'orgue du début du 19e siècle. Il se peut que cela s'explique par le rôle irremplaçable que ce cantique jouait dans la cérémonie annuelle festive de contrition et de Sainte-Cène qui prenait place dans la semaine sainte. On le trouvera ici sous deux formes : d'une part comme nous le présente le livre d'orgue de Hepp-Herrenschneider (1809) (Entendre cet air), et d'autre part comme il est présenté dans celui d'Ihme (Entendre cet air). Le nombre des syllabes n'est pas toujours constant dans les parties de la mélodie qui reviennent, mais l'adaptation ne pose pas de problème. Il faut simplement veiller à étendre le o de o Jesu sur deux mesures entières dans la version Hepp. Le CG donne deux formes de ce cantique : d'abord la forme reçue (n° 71), d'autre part un texte alternatif nouvellement composé, plus conforme à l'esprit du temps, mais qui ne s'est pas imposé (n° 72). L'adaptation entre texte et mélodie ne pose pas de problème non plus ici, quoique les vers 2 et 4 aient une syllabe de moins que dans le texte traditionnel.

Mélodie O Traurigkeit, o Herzeleid. Le patron de la strophe : 4a-4a-6be-7-5be, est assez curieux (le quatrième vers ne rime avec aucun autre), et a cette particularité supplémentaire que la syllabe initiale des trois premiers vers est atone (sur le temps faible de la mesure), alors que celle des deux vers suivants est tonique. Elle est présente dans le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp-Herrenschneider), dont nous donnons ici la mélodie et l'harmonisation (Entendre cet air). Il est vrai que le texte avait subi une sérieuse "modernisation", de sorte que la mélodie apparait sous le nom Am Kreuz erblasst. Chez Ihme on en trouve une forme plus dépouillée, dans laquelle le changement du tempo accentue l'opposition entre les deux parties de la strophe (vers 1-3 vs. 4-5) (Entendre cet air). Dans le CG, deux cantiques sont chantés sur cet air : d'une part le cantique O Traurigkeit lui-même (n° 64), et d'autre part So schlummerst du in stiller Ruh (n° 69), une forme modifiée de So ruhest du, o meine Ruh. Dans les deux cas, il s'agit de cantiques à chanter le soir du Vendredi saint ou le lendemain.

Mélodie Schwing dich auf zu deinem Gott. Stern donne ici, à côté d'une mélodie de sa composition, celle qu'on pourra entendre ici, et dont la forme rythmique, mieux harmonisée, se trouve chez Ihme. Cette mélodie est (sous forme rythmique, bien entendu) de Johann Crüger (Zahn n° 6309a) et parut d'abord en 1653. Stern l'attribue erronément à Joh. G. Ebeling, 1666, qui publia en 1666 une autre mélodie pour ce même texte (Zahn n° 6310). Johann Georg Ebeling fut le successeur de Johann Crüger (mort en 1662) à l'église Saint-Nicolas de Berlin. - L'air de Crüger est le seul qui figure dans les recueils alsaciens avant celui d'Ihme. Ihme, lui, donne les deux. Le Lutheran Hymnal américain (Concordia Publishing House, St Louis/London, 1941) fait chanter le cantique Come, Ye faithful, raise the strain sur l'air d'Ebeling (Entendre cet air). Bien qu'il y ait quelques ressemblances entre les deux airs, il faut tout de même les considérer comme des mélodies différentes.
N.B. Le début du texte se présente chez Stern sous la forme "Schwing zu deinem Gott dich auf", et présente tout le texte de la première strophe dans une version remaniée qu'on trouve aussi dans le recueil de cantiques strasbourgeois de 1808.

Mélodie Sei Lob und Ehr dem höchsten Gut. Il est plutôt difficile de déterminer avec certitude à quelle mélodie renvoie l'indication "Mel. Sey Lob und Ehr dem höchsten Gut". D'un côté le modèle strophique est le plus répandu de tous dans le recueil de cantiques ; c'est le modèle 8-6e-8-6e-8-8-6e, où en général le dernier vers ne rime avec rien. Il y a un grand nombre de mélodies qui conviennent à ce modèle de strophe, et de ce fait les recueils de mélodies ou d'accompagnement proposent volontiers le choix entre plusieurs. Dans le cs présent, la question se complique encore un peu du fait que le CG donne pour cinq cantiques l'indication de la mélodie "Sey Lob und Ehr...", mais dit que le cantique de base, Sei Lob und Ehr, se chante sur l'air de Es ist das Heil uns kommen her. Le livre d'orgue de Theophil Stern donne le choix entre une mélodie spécifique, puis celle de Es ist gewisslich an der Zeit, ensuite celle d' Allein Gott in der Höh sei Ehr, et finalement celle de Wenn mein Stündlein vorhanden ist. Le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien présente tout au début ce texte sous une forme qui le rend difficilement reconnaissable :"Lob, Ehr und Preis" - une formulation qu'on retrouve chez Stern. Le recueil colmarien ne donne qu'une seule mélodie. Celle-ci, dit le recueil, est aussi celle de Herr Jesu Christ, ich weiß gar wohl (V. CG n° 335). Mais ce dernier cantique se chante, selon le CG, sur l'air de Wenn mein Stündlein vorhanden ist. Nous présentons ici la mélodie spécifique dans l'harmonisation de Th. Stern, à l'exception d'un passage où les deux formes divergentes de la mélodie ne permettent pas de garder les mêmes harmonies. (Entendre cet air)

Mélodie Sollt es gleich bisweilen scheinen. Cette mélodie toute simple et séduisante a disparu du recueil allemand de 1995. La popularité dont elle a pu jouir au 19e siècle - et dont le signe pourrait être la variante un peu trop ornée qu'en donne le livre d'orgue de Strasbourg de 1809 (Entendre cet air) - n'est pas une raison suffisante pour la condamner. On la trouvera ici également dans l'harmonisation de F.A. Ihme (Entendre cet air). Le CG l'utilise pour le cantique Sollt es gleich bisweilen scheinen et dans un cantique de Pentecôte, Heilger Geist, du Himmelslehrer. Pour ce dernier cantique, le Colmarisches Lobopfer (1722) avait d'abord indiqué la mélodie Liebster Jesu, du wirst kommen ; il est toutefois difficile de décider s'il devait s'agir là de la mélodie que Freylinghausen publie en 1708 (n° 352) pour ce texte.

Mélodie Sollt ich meinem Gott nicht singen ? De nos jours, en Alsace, parmi les fidèles qui chantent en allemand, c'est la mélodie de F.A. Ihme qui est la plus populaire, mais elle n'existait pas au temps du CG. Toutefois celle de Johannes Schop, qui par ailleurs apparait le plus souvent dans nos recueils de cantiques (GCAK, Spitta, GKAKEL, EG), n'entre pas davantage en ligne de compte ici, car tant le recueil d'accompagnement de Strasbourg de 1809 que le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien et le livre d'orgue de Theophil Stern donnent une troisième mélodie, inconnue aujourd'hui. Comme celle de Schop, elle est en mineur, mais par ailleurs elle est totalement différente. (Entendre cet air)

Mélodie Straf mich nicht in deinem Zorn. Dans les livres d'orgue du début du 19e siècle, ce chant figure sous le nom Herr, ich bin dein Eigenthum, et J. Wolf, en tout cas dans la première édition de son livre d'orgue, le classe sous Straf mich nicht, mais donne entre les portées le texte de Mache dich, mein Geist, bereit (l'autre texte n'est pas dans le recueil Spitta). On pourra entendre ici une version un peu kitsch de cette mélodie, celle qu'on trouve dans le fascicule colmarien Sammlung von Choralmelodien. (Entendre cet air)

Melodie Valet will ich dir geben : Il y a une mélodie connue sous ce nom en Alsace ou ailleurs en pays de langue allemande (Entendre cet air, ici dans la version du livre d'orgue Stern). Si l'on peut nourrir quelques doutes sur l'identité de cette mélodie avec celle qui est visée ici, c'est qu'elle ne figure ni dans le recueil de cantiques français de Strasbourg de 1769, ni dans la liste des mélodies de 1808 (Strasbourg, accompagnant le livre de cantiques paru la même année), ni encore dans le livre d'orgue Hepp-Herrenschneider de 1809. C'est seulement à partir de Stern que nous la rencontrons, et après lui dans tous les livres d'orgue qui suivront. Dans le livre d'orgue Hepp-Herrenschneider, la seule mélodie de ce patron de strophe est celle de Herzlich thut mich verlangen ou Der du voll Blut und Wunden (=O Haupt voll Blut und Wunden). Dans le registre des mélodies du livre de cantiques strasbourgeois de 1808, la même mélodie est nommée "Befiehl du deine Wege oder Der du, voll Blut und Wunden". Chez Zahn n° 5404a, il est cependant dit que la mélodie de Valet will ich dir geben est d'abord parue en 1613, s'est ensuite répandue durant le 17e siècle est est à présent "partout en usage". C'est pourquoi on a supposé qu'elle pouvait être connue dans la région colmarienne même si elle est absente des recueils strasbourgeois de l'époque.

Melodie Vater unser im Himmelreich. Cette mélodie souvent attribuée à Luther,mais antérieure à la Réforme, apparait sept fois dans le CG. On la présente ici sous la forme qu'elle a dans le recueil colmarien de mélodies de choral (Sammlung von Choralmelodien), mais l'harmonisation est à peu près la même que chez Theophil Stern. (Entendre cet air). Theophil Stern n'a visiblement pas beaucoup aimé ce cantique, car d'une part il ne donne la mélodie de Luther que comme deuxième mélodie du texte Dir, Jesu, ist kein Lehrer gleich (v. CG n° 27 ; la première mélodie est de Stern lui-même), et l'accompagne les deux fois d'un texte qui n'est pas issu du cantique de Luther.

Mélodie Vom Himmel hoch da komm ich her. Dans les livres d'orgue du 19e siècle, cette mélodie porte le double titre Dies ist der Tag et Vom Himmel hoch. La collection colmarienne Sammlung von Choralmelodien présente sous ce double titre d'abord la mélodie que nous donnons ici à entendre<, puis en 2e mélodie O Jesu Christ meins Lebens Licht, en 3e Herr Jesu Christ, dich zu uns wend, et comme 4e et dernière Ach bleib bei uns, Herr Jesu Christ. Comme le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp), dont nous faisons entendre l'harmonisation (Entendre cet air/a>) présente la même série dans le même ordre, il est permis de supposer que le fascicule colmarien en a été inspiré. Il s'agit visiblement des quatre mélodies faites pour le même patron de strophe. Chez Stern, on ne retrouve plus que la première et la dernière, les deux autres ont disparu. Comme le cantique Vom Himmel hoch n'est pas dans le CG, et que peut-être il manque également dans d'autres recueils du temps, on peut comprendre qu'on ait pu recourir à un autre incipit pour caractériser la mélodie. C'est seulement chez Ihme, puis chez Wolf, qu'elle apparait de nouveau au rang alphabétique de Vom Himmel hoch, du reste sous deux formes légèrement différentes. Nous donnons ici la forme d'Ihme (Entendre cet air).

Mélodie Von Gott will ich nicht lassen. La différence qui oppose ici les recueils de musique de l'époque du CG et ceux de notre époque n'est pas, comme le plus souvent, que l'une des deux formes est à notes égales et l'autre rythmique. Ici on a affaire à deux formes à notes égales. A la fin du sixième vers et dans le septième, des différences qui portent en fait sur très peu de notes donnent à cette partie de la mélodie un caractère tout à fait différent, comme on pourra s'en rendre compte. La forme du temps du CG a été harmonisée d'après la basse chiffrée du Choral-Buch für... Ober- und Nieder-Rhein (1809) (Entendre cette forme). Celle qu'on connait encore aujourd'hui se trouve déjà chez Ihme. (Entendre cette forme).

Mélodie Wachet auf, ruft uns die Stimme. Ce cantique est un bon exemple des transformations qu'un cantique a pu subir - texte comme mélodie - au cours des siegrave;cles ou des décennies. Le texte apparait au n° 364 du CG sous une forme modifiée, de sorte qu'on ne renvoie pas à sa mélodie propre, mais celle du "cantique précédent" (n° 363), pour lequel il est dit "Wachet auf, ruft uns die Stimme", en face de "Wachet auf, so ruft die Stimme" qu'on trouve ici. Quant à la mélodie, le recueil Spitta, qui pourtant privilégiait habituellement les formes simplifiées des mélodies, donnait ici une forme rythmique, mais non identique à celle qu'on touve plus tard dans le GKAKEL et l'EG. La tradition française, dans Louange et Prière, reste fidèle à une forme simplifiée assez proche de celle qu'on trouve ici dans le CG. L'harmonisation est présentée ici sous trois formes simplifiées qui se ressemblent, mais ne sont pas identiques : celle du livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Ecouter cet air), celle du recueil colmarien, qui homogénéise au maximum la longueur des notes (Entendre cet air), et celle de Theophil Stern (Ecouter cet air). L'harmonisation de Stern a été utiilisée aussi pour la forme colmarienne. La forme rythmée sera représentée, comme le plus souvent ici, par l'harmonisation de F.A. Ihme (Entendre cet air).

Mélodie Warum sollt ich mich denn grämen. Le patron de stophe est assez inhabituel (7ae-3b-3b-5ae-7ce-3d-3d-5ce). Le CG fait chanter sur cet air deux cantiques, à savoir Warum soll ich mich denn grämen ? (n° 233) et le cantique de Noël de P. Gerhardt Fröhlich soll mein Herze springen (n° 40). Nous serons amené ici à proposer l'écoute de quatre mélodies ou formes de mélodies. Le livre d'orgue Hepp-Herrenschneider (Strasbourg 1809), et après lui le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien connaissent ici une mélodie aujourd'hui oubliée et qui consiste en deux moitiés identiques (de sorte qu'en chantant trois strophes, on répète six fois la même ligne mélodique). On la présente ici dans l'harmonisation du livre d'orgue strasbourgeois (Entendre cet air). Chez Theophil Stern et F.A. Ihme, on retrouve la même, mais ils nous donnent le choix en en proposant aussi une autre, attribuée à Johann Georg Ebeling ; chez Stern, elle consiste aussi en deux moitiés identiques (Entendre cet air). D'ailleurs J.S. Bach utilise lui aussi une forme de cet air, encore différente, mais également composée de deux moitiés identiques. Mais c'est Ihme qui fournit réellement la mélodie d'Ebeling, dans laquelle les deux moitiés sont un peu différentes (Entendre cet air). En ce qui concerne le cantique Fröhlich soll mein Herze springen, on est revenu depuis le GCAK, et y compris le recueil Spitta, à la mélodie de Crüger (Spitta à vrai dire donne encore le choix d'utiliser la mélodie Ebeling). Elle est proposée ici dans l'harmonisation de J. Wolf (Entendre cet air).

Mélodie Was Gott tut, das ist wohlgetan. Cette mélodie très populaire a traversé les époques (récentes, car elle ne date que de 1675) sans grandes modifications. On remarquera tout de même que la forme présentée par le recueil Hepp (Strasbourg 1809) s'écarte un peu de celle qui est dans les livres d'orgue actuels. Nous en avons repris aussi l'harmonisation (Entendre cet air). Trois cantiques du CG l'utilisent : à côté de Was Gott tut (n° 215), ce sont les numéros 300 et 348.

Mélodie Was mein Gott will, das gscheh allzeit. On trouve pour cette mélodie une forme rythmique et une forme simplifiée. Theophil Stern la nomme d'après le texte Ach höchster Gott, verleihe. Le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien lui auszsi lui donne le nom de ce texte que je ne connais pas par ailleurs, et ne mentionne Was mein Gott will que comme deuxième désignation. Comme pour un certain nombre d'autres mélodies, nous faisons entendre ici la forme rythmique, mais évidemment aussi la forme simplifiée, d'usage général au temps du CG.

Mélodie Wenn Christus seine Kirche schützt. Dans le CG, le chant qui commence par ces mots est indiqué comme se chantant sur l'air d'Ein feste Burg ist unser Gott. Mais le livre d'orgue strasbourgeois de 1809 (Hepp) donne ce nom à une autre mélodie, probalbement récente (Entendre cet air). Comme le texte se trouve encore dans le GCAK, il est clair qu'Ihme donne une mélodie pour le chanter, mais c'est une mélodie qu'il a composée lui-même. Il nous est impossible de dire dans quelle mesure l'air du recueil strasbourgeois a été effectivement connu et chanté dans le secteur de Colmar. Mais il est tout à fait possible que l'air d'Ein feste Burg ait été perçu comme trop spécifiquement lié à son propre texte et qu'on ait cherché à y substituer si possible un autre air pour chanter un autre texte entrant dans le même moule.

Mélodie Wenn mein Stündlein vorhanden ist. Le cantique qui commence ainsi a été chanté sur plusieurs mélodies. Dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien et chez Th. Stern ce texte est mentionné au-dessus de la mélodie donné ici sous le nom de Herr Jesu Christ, du höchstes Gut (Entendre cet air), mais Ihme (Halleluja, pour le GCAK) et Wolf (avec Spitta) en fournissent une autre, qu'on fera entendre ici (Entendre cet air). En réalité, Ihme en présente même deux, mais c'est la deuxième qui sera donnée ici, et qu'on retrouve chez Wolf. Dans le CG, on peut supposer qu'il y avait effectivement deux mélodies distinctes, car on y trouve quatre cantiques à chanter sur chacun des deux airs. Ce qui est singulier, c'est que ceux qu'on chante sur l'air de Herr Jesu Christ, du höchstes Gut sont tous avant le n° 300 (n° 148, 151, 298, 299), et ceux qu'on chante sur l'air de Wenn mein Stündlein vorhanden ist viennent tous après (n° 334,335, 346, 350). Mais cela pourrait provenir du fait que cette dernière mélodie était perçue comme une mélodie d'enterrement. Le patron strophique commun aux deux est le plus courant dans nos recueils de cantiques. C'est celui de Es ist gewisslich an der Zeit, de Aus tiefer Not echrei ich zu dir, d Allein Gott in der Höh sei Ehr etc. Il n'y a pas à s'étonner que le livre d'orgue de 1809 (Hepp) et celui de Stern ne fournissent que trois ou quatre mélodies adaptées à ce patron (mélodies qu'ils regroupent du reste). Il ne faut certainement pas en conclure que les paroisses n'en chantaient pas d'autres. La mélodie est présentée ici d'après Ihme. Wolf en donne une forme peu différente.

Melodie Wenn wir in höchsten Nöthen seyn : Dans le livre d'orgue Hepp-Herrenschneider (Strasbourg, 1809), on ne trouve que quatre mélodies du patron strophique de Wenn wir in höchsten Nöten sein ; ce sont :
Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort
Vom Himmel hoch da komm ich her
O Jesu Christ, meins Lebens Licht
Herr Jesu Christ, dich zu uns wend
On peut tout de même supposer qu'une forme - en principe la forme simplifiée - de la mélodie de ce cantique a été conservée (Entendre cet air), que nous empruntons ici au livre d'orgue de J. Wolf (1899).

Mélodie Wer nur den lieben Gott lässt walten. Cette mélodie aparait dans le CG 43 fois, et même 46 fois si l'on compte l'appendice. Environ un cantique sur neuf était donc chanté sur cet air. Malheureusement il sera presque impossible de déterminer avec certitude l'air dont il s'agissait réellement. Th. Stern, dans son recueil d'accompagnement, donne cinq mélodies différentes correspondant à cet incipit, dont

1. la mélodie qui aujourd'hui encore est associée au texte Wer nur den lieben Gott lässt walten (Zahn 2778), mais dans une forme un peu différente ; (Entendre cet air)
2. un avatar de la mélodie associée aujourd'hui à Dir, dir, Jehova, will ich singen, ou Wach auf, du Geist der ersten Zeugen (le premier de ces deux textes a depuis lors été changé en Dir, dir, o Höchster, will ich singen). (Entendre cet air).
Dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien, la mélodie 1 figure en premier, puis notre numéro 2 ;après cela se trouve une mélodie qui n'est plus chantée de nos jours (Zahn 2786). On peut supposer que la désignation Wer nur den lieben Gott lässt walten renvoie à la mélodie 1, donc celle qui aujourd'hui encore est nommée d'après ce texte.
A part cela, Stern donne encore trois autres mélodies,postérieures à la parution du CG, dont celle qu'on trouve aujourd'hui sous le texte Mir ist Erbarmung widerfahren ; (Entendre cet air). Ici la mélodie est sous une forme qui exige la répétition du dernier vers. Cette forme (Zahn 2907) s'est conservée ici ou là jusque dans la deuxième moitié du 20e siècle.

Mélodie Werde munter, mein Gemüte. Comme chez Theophil Stern, cette mélodie apparait aussi dans le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien en tant que deuxième ou troisième choix pour le texte Freue dich, o meine Seele ou Freu dich sehr, o meine Seele (=Comme un cerf altéré brame). (V. sous Freu dich sehr o meine Seele) Elle est parue d'abord chez Johann Schop en 1642. (Entendre cet air) Le cantique Der am Kreuz ist meine Liebe est dans le CG un des 9 cantiques du CG qui se chantent sur cette mélodie. Mais il a existé une mélodie spécifique pour ce chant, qui se trouve chez Stern.

Mélodie Wie groß ist des Allmächtgen Güte. Plusieurs mélodies pourraient entrer en ligne de compte pour ce qui est désigné ainsi. Mais le plus vraisemblable est qu'il s'agit de celle qu'on connait généralement sous le nom de Die Tugend wird durchs Kreuz geübet (Entendre cet air). C'est en effet cette mélodie qu'on retrouve dans le livre d'orgue de 1809, dans la collection colmarienne de mélodies de choral, dans le livre d'orgue strasbourgeois des environs de 1850. Mais chez Theophil Stern, on trouve les trois mélodies suivantes :

Par ailleurs Ihme propose aussi la deuxième de ces mélodies, en concurrence avec la première. Mais tous deux la donnent sous une forme en rythme ternaire qui n'est pas la forme originale ; Ihme dit qu'elle a été arrangée ainsi par W. Schweighaeuser vers 1854.

Mélodie Wie schön leuchtet der Morgenstern. Dans les annotations générales on a déjà montré quel a été le succès de ce chant au début du 17e siècle. Vers la fin du 18e, on éprouva le besoin de le modifier, texte et mélodie. Le nouvel incipit Wie herrlich strahlt der Morgenstern ne se rencontre pas seulement dans le Colmarisches Gesangbuch. Stern dans son recueil d'accompagnement, et le recueil de mélodies colmarien Sammlung von Choralmelodien désignent le choral d'après ce début. Selon le CG, le cantique Wie herrlich strahlt... se chante sur l'air de "O heilger Geist, kehr bei uns ein", cependant que le cantique O heilger Geist, kehr bei uns ein se chante sur l'air de "Wie schön leuchtet der Morgenstern". Cette mélodie est désignée aussi par le texte Wie schön leucht uns der Morgenstern (cantiques 32 et 82). On voit par là qu'en ce temps-là l'incipit connu était encore la forme originale, alors que les publications des décennies suivantes considèrent la nouvelle formulation comme celle que chacun connait.
Bien entendu, au temps du CG, la mélodie se chantait sous sa forme simplifiée (Entendre cet air), alors qu'Ihme, dans son recueil d'accompagnement Halleluja, revient à la mélodie originale (Entendre cet air). La forme simplifiée est fournie ici telle que la présente le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien, et avec l'harmonisation de Theophil Stern. Dans le CG, huit cantiques se chantent sur cette mélodie dont un de l'appendice. En plus, au cantique 366 - la version moderne du Te Deum, sous forme de strophes - deux couples de strophes sont aussi chantés sur cette même mélodie.

Mélodie Wo Gott der Herr nicht bei uns hält. Mis à part le cantique 121, qui est le texte d'origine de la mélodie, le CG propose de chanter sur sa mélodie le n° 101, où la mélodie est nommée Wo Gott der Herr nicht bei uns wär. Il s'agit d'une des mélodies du patron d'Allein Gott in der Höh sei Ehr que les livres d'orgue du début du 19e siècle ont négligées. Elle ne figure pas davantage chez Spitta (livre d'orgue Wolf). Nous donnons ici l'harmonisation de F.A. Ihme (Entendre cet air).

Mélodie Womit soll ich dich wohl loben. Le cantique dont les paroles commencent ainsi est de L. A. Gotter (1661-1735), et sa première strophe est :

Womit soll ich dich wohl loben,
Mächtiger Herr Zebaoth?
Sende mir dazu von oben
Deines Geistes Kraft, mein Gott,
Denn ich kann mit nichts erreichen
Deine Gnad und Liebeszeichen.
Tausend-, tausendmal sei dir,
Großer König, Dank dafür.

On le voit : le modèle de strophe est celui de Alle Menschen müssen sterben ou de Jesu, meines Lebens Leben, et comme ce dernier, il comporte un refrain Tausend, tausendmal sei dir etc. Il semble donc inspiré de ce cantique antérieur. C'est pourquoi il est permis de penser que la mélodie était la même. Celle de Jesu, meines Lebens Leben, qui est de Wolfgang Wessnitzer, remonte à 1661. Mais Ihme, dans l'édition de 1888, donne une mélodie spécifique pour Womit soll ich dich wohl loben de Justin Heinrich Knecht 1797. Comme le renvoi à une mélodie dénommée d'après ce texte ne se rencontre que dans l'ajout de 1800, il n'est pas impossible qu'il s'agisse de celle-là, qui pourrait déjà avoir été connue à Colmar. Knecht vivait à Biberach, donc pas très loin. Voici les deux mélodies. Jesu, meines Lebens Leben, dans l'harmonisation de J. Wolf : Entendre cet air ; Le Womit soll ich dich wohl loben de Knecht, dans celle d'Ihme : Entendre cet air. En fait il existe aussi un air composé par F. Silcher en 1823, qui n'entre pas en ligne de compte ici, et un air de J.L. Steiner (vers 1730), qui pourrait être visé, mais que je ne connais pas encore. Le recueil de cantiques de l'église réformée suisse (1906) fait chanter ce cantique sur l'air de Alle Menschen müssen sterben (le premier mentionné ici, Entendre cet air)

Mélodie Zion klagt mit Angst und Schmerzen. Le recueil colmarien Sammlung von Choralmelodien et le livre d'orgue de 1809 (Hepp) ne donnent aucune mélodie sous ce nom. Ihme en revanche donne une belle mélodie de Johann Crüger qui est ainsi intitulée. Il est vraisemblable que les recueils antérieurs ont cru utile de limiter le nombre des mélodies différentes, et que pour le patron de strophe concerné, les mélodies Freu dich sehr, o meine Seele, Werde munter, mein Gemüte et Der am Kreuz ist meine Liebe leur aient paru suffisantes. Nous avons pu remarquer par ailleurs que pour un patron de strophe différent, celui du type Allein Gott in der Höh sei Ehr, plusieurs des mélodies encore bien connues de nos jours y manquent. C'est pourquoi il nous est à peu près impossible de dire sous quelle forme cette mélodie a pu être chantée au 19e siècle. Nous la donnons sous la forme et dans l'harmonisation d'Ihme (Entendre cet air). La forme originale de Crüger (Entendre cet air) est un peu différente (ici mélodie et basse d'après la Praxis Pietatis Melica de Francfort datée de 1693.)